Le terme démocratie provient de deux mots grecs : demos, qui signifie « le peuple », et kratein, qui signifie « gouverner ». Si nous regardons en arrière, tout au long de l’histoire, les démocraties ont prospéré, ont été menacées, remplacées par des régimes autoritaires, pour ensuite revenir comme mode de gouvernance politique. Si la démocratie a pour finalité l'inclusion politique de tous les citoyens en rendant effectif leur droit de cité, elle a pour ressort la tolérance de la diversité de leurs opinions, de leurs conceptions individuelle et personnelles de la vie et de l’application de la liberté dans tous les modes de vie, ce qui veut dire que nous avons le droit de penser ce que l’on veut, la limite de la parole étant codifiée par la loi (racisme, antisémitisme, propos homophobe, ect...).
Il existe désormais une virulence de plus en plus forte des propos tenus, les médias et les réseaux sociaux étant bien évidemment un amplificateur de cette montée de l’agressivité, mais pas que, tout le monde (ou presque) considère qu‘il peut s’exprimer sur ce qu’il veut, quand il veut et avec qui il veut.
Depuis quelques années, force est de constater une montée des extrêmes, notamment des partis d’extrême droite un peu partout en Europe et à travers le monde. C’est la montée du populisme, mais encore faut-il s’entendre sur la définition du mot populisme. L’Histoire nous montre qu’il existe un populisme de gauche comme de droite, Guy Hermet dans son livre Les populismes dans le monde. Une histoire sociologique, XIXe-XXe siècle, montre d’ailleurs qu’au départ, le populisme était lié à la gauche. Le terme apparaît en effet vers 1870, en Russie, sous le terme “narodnitchestvo, narod“ signifiant peuple. Il évoque le retour au peuple d’intellectuels, de citadins, qui vont vers le peuple pour lui porter la bonne parole. L’idée était de réveiller le peuple et de l’amener à une logique révolutionnaire. A la fin du XIXe siècle apparaît en France, avec le général Boulanger, une forme différente de populisme, cette fois ancré à droite. Le populisme de droite est un phénomène urbain. Il possède également une dimension autoritaire très forte, il existe ainsi bel et bien un facteur de convergence entre les différentes figures du populisme : le rejet des dominants, économiques mais aussi politiques, de ce qu’on appelle aujourd’hui les élites. L’évolution notable de ces quinze dernières années est que nous sommes passés de simples mouvements populistes à des régimes populistes. Les populistes sont en effet au pouvoir dans certains pays, parfois depuis longtemps. Les exemples se multiplient : la Hongrie, la Pologne, la Russie, la Turquie, ... Les mises en œuvre sont toujours les mêmes : une remise en cause de la démocratie libérale représentative censée fausser le jeu et en parallèle, une volonté de constituer un Etat fort. Au sein de ces pays, nous observons les mêmes transformations : révision constitutionnelle, limitation du pouvoir des juges, .... Il y a une recentralisation du pouvoir aux mains de l’exécutif et les assemblées élues deviennent de simples chambres d’enregistrement.
Ce qui suit n’est pas une vue de l’esprit mais repose sur des études sociologiques très documentées. Deux phénomènes structurels alimentent en effet la logique populiste. Tout d’abord, le clivage social qui va de pair avec une fracture territoriale. Les forces populistes sont plus présentes dans les campagnes et dans les petites villes qu’au sein des grandes villes.
Le 2ième phénomène est la question de l’identité collective : les populistes (de droite) prétendent apporter une réponse en défendant l’idée qu’il faut revenir à une identité nationale forte, homogénéisante. Il convient de s’interroger sur la question de savoir s’il existe une façon populiste de faire de la politique étrangère. La réponse est oui. Tout va dans le sens d’une politique étrangère qui rompt avec le multilatéralisme et qui affiche clairement son unilatéralisme sans tenir compte des conséquences. Les populistes au pouvoir revendiquent sans aucune gêne le rapport de force et le rejet des logiques de négociations.
A qui la faute de cette bascule vers le populisme ?
La question peut paraître abrupte mais elle a le mérite d’être posée, directement et clairement. Peut-on parler de faute ou plus de responsabilités des uns ou des autres ? Les gouvernants et gouvernements actuels et passés ? Pour les oppositions, rien n’est fait ou quand quelque chose est fait ce n’est pas dans la bonne direction, incomplet, inadapté et autres qualificatifs. A entendre un discours de plus en plus prégnant nous serions collectivement des victimes d’un système qui ne nous voudrait que du mal : dérèglement climatique, prix de l’énergie, hausse des prix alimentaires, déserts médicaux, hôpitaux au bord du gouffre, écoles qui sombrent (résultats scolaires en baisse), immigration délétère et incontrôlée, insécurité, violence, mal logement, retraite, fins de mois difficiles.... Les sujets de mécontentement sont divers et variés, chaque catégorie professionnelle à son lot de revendications qui vient s’ajouter à celles citées plus haut. Les mots sont souvent inappropriés, l’agressivité est désormais un mode courant d’expression. Une évidence qu’il faut rappeler, nous avançons dans une société de la frustration. Plus les inégalités s’individualisent, plus la représentation collective des expériences sociales est incertaine, plus les individus ont le sentiment de n’être jamais représentés. La distance entre les plaintes, les frustrations, les ressentiments, les sentiments individualisés d’injustice et les processus de représentation collective ne cesse de se creuser.
Je n’ai pas de réponse toute faite, mais ma certitude est que le vote vers les extrêmes ne conduit vers rien de bon, il suffit juste de regarder dans notre Histoire pour le percevoir. C’est sans doute ce qui manque le plus, se rappeler pour ne pas oublier.
Si on essayait simplement de vivre ensemble.
Alain Brousse
19 janvier 2024
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