Vivre la ruralité
Quel avenir pour l'école en milieu rural ?
« IL faut agir avant qu'il ne soit trop tard » est souvent le message prononcé par nos élus et nombre d’habitants de Jonquières à propos de la survie de l’école. La diminution du nombre d'enfants est régulière et menace à terme et un peu plus le maintien de l’école.
C’est ainsi que je suggère de poser la question différemment, au risque de fâcher certains, une école à Jonquières est-elle une nécessité absolue ? Pour tempérer ma question, je risque la même pour celle de Canly, et celle d’Armancourt, peut-être aussi pour d’autres que je ne nommerai point.
« On aimerait que les jeunes restent sur le territoire, et que d'autres viennent s'y installer, explique le Maire, « mais pour qu'ils viennent y vivre, il faut absolument qu'ils puissent scolariser facilement, et dans de bonnes conditions, leurs enfants. », oui, c’est une évidence, mais entre l’évidence et la réalité, un fossé se creuse.
A chaque occasion un message d'alerte est envoyé, la nécessité de sensibiliser les acteurs et les habitants est patente, mais quels sont les moyens réellement mis en œuvre ?
Qu'avons nous fait depuis des décennies, à part le fait de se lamenter devant un constat inéluctable.
Quel projet, quelle ambition, quelle perspective, quelle vision d'avenir ? Oui, volontairement sans le S du pluriel.
Poser la question semble déjà être un renoncement, pire encore, comme une sorte de trahison envers « l’âme » de notre village. Comment faire pour que l'intérêt de l'enfant qui vit en milieu rural soit au moins autant pris en compte que celui de l'enfant qui vit en ville ? Maintenant, on a atteint un nouveau stade où tout est à inventer, je dirais même plus, tout est encore à penser.
Déjà rétablir une vérité essentielle : ne pas confondre la ruralité avec l'agriculture. Celle-ci a certes beaucoup de problèmes, mais elle reste un métier d'avenir, car on aura toujours besoin de se nourrir. Il est vrai que la campagne a été mise en opposition avec les métropoles, qui attirent le développement économique et l’essentielle des grandes subventions.
Aujourd'hui coexistent dans nos esprits deux visions du monde rural, deux visions qui courent le risque d'être aussi stériles l'une que l'autre pour l'avenir. A la veille d’un nouvel acte de la décentralisation, nous devons renouveler notre regard pour inventer une nouvelle ruralité́.
Pour les uns, l'espace rural doit rompre avec la croissance démographique qui a caractérisé́ ces dernières décennies. Cette croissance est un leurre car elle est alimentée aux trois quarts par l'étalement urbain. Dit autrement les "nouveaux habitants" sont d'abord des personnes qui font un pas de côté à la fois par choix d'un mode vie, "une parcelle d'autonomie", et par la contrainte du coût de l'habitat dans les centres où ils travaillent. Le prix d’un appartement en centre-ville de Compiègne équivaut à celui d’une maison à Jonquières.
Pour les autres, la poursuite de la croissance démographique est le mouvement "naturel" de l'espace rural, la marque de sa vitalité́ Elle alimente le cycle vertueux qui, selon les cas, maintient ou développe les services utiles à une bonne qualité́ de vie des habitants. Arrêter ce mouvement c'est "chuter" et ouvrir le spectre de la désertification.
N’existe –t-il aucune autre voie possible ?
Je pense qu'il existe d'autres pistes de réflexion, l'école n'est qu'un élément d'un ensemble plus vaste.
A suivre....