Quel avenir voulons-nous?

Chacun d’entre nous a pu se rendre compte en se promenant ou simplement en étant riverains que des travaux de voiries ont été réalisés à Jonquières. 

Une volonté affirmée du maire est d’avoir enterré tous les fils encore perchés à Jonquières avant la fin de son second mandat et d’entreprendre une réfection complète de la rue de Varanval.

La place des Tilleuls a été réorganisée et fleurie, c’est désormais un endroit propre et agréable qui se doit d’être mieux utilisé. Quelques regrets, elle reste quelque peu perchée et non praticable le long de la rue de Varanval.

Nous assistons, mais sans le dire, à une urbanisation qui touche tout notre environnement, qui a bien évidemment toujours de bonnes raisons d’exister, à cause d’une chaussée abîmée, l’arrivée de la fibre, la nécessité de créer des stationnements, remodeler et transformer l’existant, chaque village prend la forme d’une mini ville, ce sont des subventions multiples, illusion que tout peut être fait à moindre coût pour notre village, etc.….

Nous avons, je souris, des arrêts minutes destinés à la dépose et la reprise des enfants pour les parents arrivant motorisés à l’école !!!

L'urbanisme est ainsi l'art de construire, de transformer, d’aménager les villages, les villes petites, moyennes ou grandes selon des critères et des normes prédéfinies au préalable. Mais comment et pourquoi ? 

Posons-nous la question.

D’une manière générale la population s’accroit, la ville s’équipe, se modernise et doit s’embellir, désireuse de laisser une trace d’un passé encore récent. Chacun peut néanmoins constater un recul du vert au profit de matériaux et revêtements divers et variés. Mais pas d’inquiétude nous dit-on à chaque fois, on va “paysager“ et voir resurgir des techniques d’antan comme pour faire revivre du passé mais avec du neuf, paradoxe !!!

Les villes grandes et moyennes veulent aujourd’hui à tout prix se verdir, mais sans véritablement jamais se donner les moyens puisque les constructions nouvelles se poursuivent. Un seul exemple : la rénovation du quartier de la gare à Compiègne que je vous invite à consulter sur le site de l’ARC. Oui, il y aura du vert, mais une urbanisation massive surtout. 

A Jonquières, on peut argumenter dans tous les sens, mais les travaux ont réduit la place des Tilleuls, c’est un fait. 

On peut ainsi établir que quel que soit la taille de la ville ou du village tout s’articule selon 5 critères : 

- un critère politique qui est lieu du pouvoir décideur (la mairie, la communauté de commune),

- un critère économique (la présence sur le territoire d’activités économiques, la recherche de subventions), 

- un critère culturel (les équipements culturels, ludiques et sportifs), 

- un critère de communication et de transport (fibre, 5G, transports en commun) 

- et pour finir un critère social (l'existence humaine renvoie aux comportements des individus et aux relations sociales qui sont envisagées). 

On arrive ainsi à uniformiser tous les territoires.

Et puis il y a la périurbanisation par le biais de création de nouvelles zones de lotissement, Chevrières, Le Meux, Jonquières (dans une moindre mesure puisque les projets de lotissements ont été repoussés sous le précédent mandat), etc. C’est un processus d'extension des agglomérations urbaines, dans leur périphérie, entraînant de fait une transformation des espaces ruraux (ex : lotissements à Lachelle : en 2018, la commune comptait 692 habitant, en augmentation de 16,11 % par rapport à 2013). 

Elle est liée à l'arrivée d'une part de nouveaux habitants, dont une partie quitte les centres des agglomérations pour s'installer en périphérie, et d'autre part d'activités consommatrices d'espace (zones industrielles et tertiaires, grandes surfaces) (Gigantisme de la zone commerciale de Saint Maximin). 

La périurbanisation peut prendre appui sur les noyaux habités préexistants (villages, bourgs) et surtout sur les grands axes de communication qui relient ces espaces aux centres urbains. 

C'est la conséquence à la fois d'un « désir de campagne », du coût de l’immobilier et de la disponibilité́ de l'automobile conjugués à l'amélioration des moyens et des voies de communication. 

On estime qu’en France en 2011 selon le ministère de l'écologie, une moyenne de 165 hectares de milieux naturels et terrains agricoles sont détruits chaque jour ; remplacés par des routes, des habitations, des zones d'activité́ en tout genre. 

Il ne s’agit pas ci dans mon propos de condamner systématiquement mais de faire un bilan objectif. 

Partout la surface verte recule. 

La crise du Covid a aussi eu un effet d’entrainement pour une partie d’une population urbaine vers une vie nouvelle en ruralité. On peut constater un apport très important de population active en milieu rural, une implantation d'un nouveau mode de vie dans ce même milieu, une incontestable modification des paysages qui induit une mise en déséquilibre par imperméabilisation des sols des dispositifs régulateurs naturels d'intempéries, parfois des conflits entre les activités agricoles et les urbains et entre les anciens ruraux et les rurbains. La conséquence peut aussi donner une paupérisation de certains quartiers urbains, avec le départ des classes moyennes, participant ainsi au renforcement des disparités spatiales et sociales au sein des agglomérations (Creil et le bassin creillois dans son ensemble en sont un exemple parlant).

Rien n’a été fait face à la hausse du prix de l’immobilier dans le centre-ville de Compiègne, les maisons individuelles, moins chères et attractives (jardin) dans les espaces périurbains ; Lacroix St Ouen, Le Meux, Lachelle Rémy, constituent un facteur déterminant dans la périurbanisation.

Si J’émets des critiques, je fais toujours des propositions. Elles n’engagent que moi, mais sont une possibilité pour tout à chacun de réfléchir selon son propre ressenti.

 1- En 2017 Corinne Vezzoni, architecte, propose de renverser la logique règlementaire et de rendre tout le territoire français « inconstructible » sans pour autant vraiment interdire la construction, mais en imposant une justification de l’utilité́ socio-économique et du bien-fondé́ écologique de tout projet ». « On peut construire d’une autre manière, sans accroître les surfaces constructibles au détriment des espaces naturels» estime-t-elle. Un « urbanisme de projet» serait alors encouragé, plutôt sur les friches commerciales qui se multiplient et en reconstruisant la ville sur elle- même.

2- Repenser les modes de communications en ayant une volonté réelle de faire d’une priorité le transport en commun. Quand les centres villes interdisent les voitures, la périurbanisation ne fait que multiplier le nombre de voitures. 

3- Accorder ou refuser des permis de construire selon une étude différente des projets et des volontés d’installation en milieu rural : par exemple avoir la possibilité de télé-travailler ou limiter la distance habitat-lieu de travail-moyen de transport. 

4- Chaque ville (taille à déterminer) devrait disposer d’un parc de voitures électriques en libre-service, multiplier les endroits de co-voiturage, …. Les vélos en libre-service se doivent d’être dument réfléchi, en effet, ce mode de déplacement ne peut se faire que dans une fourchette d’âge restreinte.

Ma conclusion est déplaisante mais doit s’entendre comme un point de vue : Les citoyens voient leurs prérogatives diminuées au profit de constructeurs en quête de rentabilité́, d’aménageurs à la recherche de reconnaissance qui vous jurent que tout ce qu’ils font est parfait, d’élus bâtisseurs trop souvent destructeurs. Les habitants eux-mêmes ne participent pas à ces débats de juristes et de techniciens. 

J’ai assisté aux débats sur le PLUi qui finissent toujours par la sempiternelle phrase, “avez-vous des questions à poser ?“ Soyons lucides, les ¾ de l’assistance n’ont pas vraiment compris ou retenu la teneur de l’exposé souvent -très-trop- technique.

Prenons un exemple concret : qui a participé et décidé les projets de la future gare de Compiègne ? Pourtant il est prévu qu’à l’issue des travaux d’aménagement, environ 400 à 500 logements, 2 500 m² de commerces et plus de 15 000 m² dédiés aux activités tertiaires vont sortir de terre. Un bel exemple d’emprise du béton sur le sol, non ?

Le citoyen ordinaire ne servirait-il finalement qu’à venir investir, consommer et travailler ?

A méditer.

Alain Brousse

18 août 2022