Je commence ma petite communication par une citation de Winston Churchill que je vous invite à méditer :

« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. »

On oublie désormais beaucoup trop vite. Nous sommes depuis quelques temps empêtrer dans un débat politico-médiatique sur l’immigration. C’est une priorité des français nous assure-t-on, oh bon peuple qui se sentirait en danger et menacé, en permanence ? 

N’est-il plutôt pas une priorité de nos politiques de nous donner une réalité des faits étayés et tangibles sur des sujets aussi importants ? Les débats ou pseudo débats organisés sur certaines chaines de télévision dont les invités n’ont que des convictions personnelles et peu de connaissances sur ces sujets participent et entretiennent une confusion et un climat néfaste pour que chacun puisse se faire une opinion objective.

Est-ce une priorité ? Je pose simplement la question, il appartient à chacun d’y répondre.

Mon point de vue personnelle.

Je suis persuadé que nous faisons fausse route, que certains s’ingénues à des fins purement politiques à propager une vision de peur et de haine. Le discours n’est pas récent, depuis plus de 40 ans “l’étranger“ est montré comme étant une source de danger potentiel, l’extrême droite a réussi son emprise idéologique en assénant des slogans réducteurs et stigmatisant désormais repris dans un large champ politique allant de la droite à certains venus de la gauche.

Des problèmes existent, c’est certain, mais dans quelle réalité tangible ?

Je me permets, ici, de la manière la plus simple, à mettre en garde chacun d’entre nous car il n’y a pas de fatalité à la course répressive folle que mènent nos sociétés contre les indésirables, les migrants et les pauvre, entre-autres oserais-je dire. Que la logique mécaniste de contrôle des « flux migratoires » à l’œuvre depuis quarante ans constitue une aberration contre laquelle il est grand temps d’opposer une autre vision. Respectueuse des droits fondamentaux, sans lesquels nous ne pourrions prétendre à notre propre humanité, et réaliste car répondant au fait migratoire par le pari de l’intelligence. Ce n’est pas par l’exemple simpliste et réducteur de quelques évènements aussi tragiques soient-ils que l’on battit des généralités discriminatoires et répressives sur telles ou telles populations.

En 2008, à l’initiative de la présidence française de l’UE, un Pacte européen sur l’asile et l’immigration est adopté par les États membres. Celui-ci entérine au niveau européen l’orientation donnée par la France depuis le milieu des années 1970 aux politiques migratoires.

Cinq axes sont ainsi définis :

- organiser l’immigration légale en tenant compte des priorités, des besoins, et des capacités d’accueil déterminés par chaque État membre et favoriser l’intégration ;

- lutter contre l’immigration irrégulière, notamment en assurant le retour dans leur pays d’origine ou vers un pays de transit des étrangers en situation irrégulière ;

- renforcer l’efficacité des contrôles aux frontières ;

- bâtir une Europe de l’asile ;

- créer un partenariat global avec les pays d’origine et de transit favorisant les synergies entre les migrations et le développement.

Reconnaissons et soyons honnête avec nous même, les trente dernières années ont vu l’édification d’un arsenal législatif, policier, politique et économique sans précédent, marqué par la même obstination à vouloir juguler l’immigration par des moyens de précarisation, de dissuasion et d’enfermement.

Pourtant les conséquences nous les connaissons : la précarisation et la mise sous condition des droits fondamentaux placent les migrants en situation d’insécurité en vue d’empêcher leur installation et de favoriser leur circulation permanente. Aux frontières de l’Union, les moyens policiers et militaires érigent un contrôle sans précédent des mouvements migratoires. Au niveau international, l’introduction de clauses migratoires dans les négociations économiques et commerciales, particulièrement avec les pays du Sud, vise à éloigner toujours plus les migrants. La conséquence est qu’elles conduisent à rendre plus dangereuses les voies de passage et à faire reposer sur les pays du Sud la responsabilité du contrôle des migrations.

Ainsi, il s’agit bien au fond d’une question d’interprétation : les politiques de dissuasion et de répression mises en œuvre ont-elles eu pour effet d’endiguer l’immigration irrégulière ou sont-elles inopérantes pour réguler une immigration illégale qui reste un fait constant ? La réponse est non, clairement non. Quand on commence à réduire les droits essentiels pour certains, il est temps de s’inquiéter, les limites sont sans fins, c’est ce que nous disait en préambule Churchill.

Les urgences de notre temps ne sont pas les flux migratoires, c’est une certitude, pourtant ils continuent à envahir le champ politique.

Pourquoi et au profit de qui ? Je laisse à chacun apporte sa réponse.

Le 19 décembre 2023

Alain Brousse