Vivre la ruralité
Le village et la vie abordés comme des moments d’interaction entre des territoires et des gens : Décrire un périmètre en pleine transformation, commencer par aller à la rencontre des habitants, des bâtis, de ce qui comptent pour eux, de ce qui les concernent. En déduire des cartes, mais leurs cartes. Une étude d’un territoire raconte des histoires, ne jamais l’oublier, en regardant cette maison ou une autre, ancienne ou récente, elles ont toutes une histoire.
Maurice Halbwachs (sociologue 1877 – 1945 (Buchenwald)) écrit : « Si entre les maisons, les rues et les groupes de leurs habitants, il n’y avait qu’une relation tout accidentelle et de courte durée, les hommes pourraient détruire leurs maisons, leurs quartiers, leurs villes et en reconstruire d’autres sur le même emplacement suivant un plan différent. Mais si les pierres se laissent transporter, il n’est pas aussi facile de transporter les rapports qui se sont établis entre les hommes et les pierres…. »
Parfois il faut des mois de recherches, de rencontres, provoquer les rencontres, appeler, prendre rendez-vous, serrer des mains, écouter, dans un jardin, sur un canapé dans un salon, un local d’association, aller voir, et revoir à nouveau. Difficile parfois d’aborder le sujet, méfiance des projets qui surgissent sans que l’on ait demandé quoi que ce soit. Les cartes sont faites de ça, de tentatives de rencontres, de gens qui parlent, qui racontent les territoires qui les concernent, les lieux devenus particuliers parce qu’ils y ont accroché leur histoire.
Le contexte est toujours le même. Les urbanistes construisent des versions de la ville, de notre village de demain et au rythme de ces transformations, dont certaines ne sont pas encore commencées et d’autres déjà terminées. Ces gens vivent, au milieu, entre ce qui a pu exister et ce qui existe aujourd’hui, transformé ou non, des passés qui persistent, sortes de fantômes urbains, des lieux complètement reconstruits qui sont encore nommés le terrain vague, la côte, le bout et autres dénominations qui perdureront.
Personne ne passe à côté de ces mutations urbaines, personne n’y est insensible. Souvent les habitants s’en emparent, au moins en partie, quand cette partie a un rapport avec leur histoire. Ils ont des idées d’à quoi la ville peut ressembler, créent des manières de la vivre, d’autres centralités, d’autres dénominations.
Les gens sont la richesse des lieux. La diversité, les origines, les couleurs, les liens. La notion d’appartenance est très forte et il n’est pas question de partir : «Pourquoi aller ailleurs quand tu te sens bien là ?». Toujours savoir que les gens sont la richesse des lieux.
Les lieux se transforment et ces transformations interagissent avec la vie et les gens, avec leurs histoires déjà là, avant le début, et tout cela, cette âme, ces lapsus, colonisent les mutations urbaines, les hantent. Aujourd’hui — 2018 —, faire un état des lieux, aussi subjectif et humain que peut être une série de rencontres, un moment de l’interaction entre les enjeux humains / urbains, peut-être à intégrer à la dialectique du territoire à venir, parce qu’il n’est jamais trop tard pour parler de demain.
Tout projet urbain sur un territoire donné constitue un enjeu important pour de nombreux acteurs dont les motivations et les intérêts divergent. Etant donné qu’un acteur est « une personne qui associe sa participation à l’aboutissement d’un projet » et que la ville est un « système, c’est-à-dire un ensemble interconnecté où se forment des interactions entre différents domaines », ces acteurs –publics et privés- sont parties prenantes des conflits que la complexité du territoire exprime. La réalisation d’un projet, par la réunion d’acteurs d’horizons différents et de motivations dissemblables, entraîne immanquablement la formation de groupes d’intérêts. Dès lors, des usages foncièrement contradictoires se manifestent.
Le rôle des élus devient primordial ; de par la connaissance approfondie du / des projet(s) sur leur territoire; la commune de Jonquières et plus généralement sur le territoire de l'ARC. La maîtrise du vocabulaire technique est indispensable, la discussion devant se faire en toute connaissance de cause avec les "techniciens" urbanistes et autres intervenants. Trop souvent, le monopole de la réalisation appartient "à la grande ville", mieux rodée aux problèmes urbains et disposant des outils et de la volonté pour parfaire le développement de "leur territoire".