Vivre la ruralité
Savoir construire un dialogue
Que signifie exactement « dialogue » ?
L’étymologie (grecque en l’occurrence), comme souvent, pose ici plus de questions qu’elle n’apporte de réponses : le logos, c’est la parole, le discours, mais aussi la raison. Que le dialogue soit un ensemble de paroles ou de discours, voilà qui n’est guère instructif ; mais que ces paroles ou discours relèvent de la raison, c’est là une exigence qui pose notamment le problème de la possibilité de dialoguer dans des domaines qui, selon certains, échappent au moins partiellement à la raison. Quant au préfixe dia, il signifie « au travers de », « au moyen de » : il sous-entend donc que la raison est ici un moyen ; quel est alors le but ? La vérité ? Mais pourquoi le dialogue n’aurait-il pas son but en lui-même, par le plaisir qu’il procure souvent ?
Le dialogue fait a priori partie des mots à connotation positive, car il semble s’opposer à de nombreuses attitudes qu’on ne peut que condamner : le repli sur soi, l’autoritarisme ou même la violence. Dialoguer, ce serait au contraire être « ouvert aux autres », être tolérant. Le dialogue serait en outre le lieu où, par la complémentarité des points de vue dans la recherche commune et désintéressée de la vérité, celle-ci aurait le plus de chances d’apparaître : « De la discussion jaillit la lumière », dit un proverbe, sous-entendant par là qu’on a plus de chances de trouver la vérité en la cherchant à plusieurs, par le dialogue (c’est-à-dire par la confrontation de positions différentes, voire antagonistes), que seul.
Il est beaucoup reproché, entre autres, que le dialogue, l’échange et l’écoute ne seraient pas une préoccupation de nos gouvernants. Ils avanceraient dans leur conduite politique sans se préoccuper de la volonté populaire. Ainsi et ici comme ailleurs, cette gouvernance serait la même à tous les échelons du pouvoir. Il est vrai qu’à Jonquière l’édito du maire dans le dernier Jonquièr’Infos ne fait même pas mention d’un quelconque mécontentement citoyen, pas un mot sur le sujet.
Alors il est bon de rappeler qu’un dialogue met en présence des groupes d’intérêt différents qui s´engagent à se pencher sur une question dont les enjeux sont mutuels, mais pas nécessairement communs. Il suppose que les personnes de positions et de circonstances différents ont des points de vue distincts sur le même problème et qu’elles disposent vraisemblablement à ce propos d’informations et d’idées dissemblables. Je dirais même que la balance penche plus d’un côté que de l’autre, les informations sont données par ceux qui sont à l’origine de la pétition. Aucun commentaire, et surtout aucun démenti de nos élus sur des informations qui se pourraient être erronées. Ne rien répondre et attendre que le vent retombe, telle semble être la position de nos élus..
En d’autres termes, un dialogue citoyen permet aux participants de voir les problèmes du point de vue des uns et des autres. Cela les conduit à une meilleure compréhension, et peut-être à une compréhension éventuellement porteuse d’améliorations.
Mais comment construire un dialogue positif ?
Le dialogue fait partie des mots à forte connotation positive, car il s’oppose à de nombreuses attitudes qu’on ne peut que condamner : le repli sur soi, l’autoritarisme... Dialoguer, ce serait au contraire être « ouvert aux autres », être tolérant. Le dialogue serait en outre le lieu où, par la complémentarité des points de vue dans la recherche commune et désintéressée de la vérité, celle-ci aurait le plus de chances d’apparaître : « De la discussion jaillit la lumière », dit un proverbe, sous-entendant par là qu’on a plus de chances de trouver la vérité en la cherchant à plusieurs, par le dialogue (c’est-à-dire par la confrontation de positions différentes, voire antagonistes), que seul. Cette conception du dialogue est peut-être légitime, mais elle masque plusieurs difficultés. Les premières sont théoriques et portent sur la définition précise du dialogue ; les secondes sont pratiques et concernent sa mise en œuvre dans la réalité. Le dialogue, défini comme ensemble de propos échangés entre plusieurs êtres rationnels dans le seul but de chercher la vérité, ne serait-il donc qu’une illusion ? Ses formes contemporaines semblent hélas le suggérer : le « dialogue social » est-il rien d’autre que l’expression d’un rapport de forces, variable précisément selon l’état des forces en présence ? Les débats politiques, qui devraient assurément être des dialogues entre plusieurs raisons, ne sont-ils pas, eux aussi, que des dialogues de sourds, où chacun ne cherche rien moins que la vérité, mais plutôt la “victoire” sur l’autre ?
Vous aurez compris que la route est encore longue, mais qu’importe « Le bonheur n'est pas au sommet de la montagne mais dans la façon de la gravir », comme nous le dit Confucius.
Alain Brousse
Le 8 mai 2023
D’après un texte de Marc Anglaret
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