Vivre la ruralité
La difficulté de cerner la problématique de l’école en milieu rural est un sujet complexe. En premier lieu parce que les parents vivant en milieu ruraux ne sont pas un groupe homogène. Se posent pour eux le choix de scolariser ou non leurs enfants dans la commune où ils résident. En priorité ils recherchent la proximité et la qualité des équipements semblables à ceux des écoles des villes. C’est pourquoi certains inscrivent leurs enfants dans les écoles de leur lieu de travail en ville. Ils contribuent ainsi à vider l’école communale. Chez tous les parents ayant des enfants en âge d’être scolarisé on doit compter sur des néo-ruraux aux aspirations différentes, parce que le monde rural a évolué : périurbanisation et ré-ruralisation. De nouvelles fonctions de l’espace, de nouveaux emplois et des conflits d’usage des territoires sont apparus. L’école n’est qu’un élément parmi d’autres. Pour être bref, les motivations de scolariser leurs enfants dans l’école du village sont soumises à des variables individuelles, communes et mixtes : lieu de travail des parents définissant leurs disponibilités, présence ou non de structures d’accueil des enfants (nourrices, grands-parents, périscolaire...), qualité supposé de l’enseignement dispensé (nombre de niveau, nombre de classe, nombre d’enfants scolarisés, etc..), volonté ou non des parents de scolariser très jeune leurs enfants dans l’enseignement privé, etc..
Revenons sur l’école de Jonquières ;
La commune est propriétaire des locaux scolaires. Elle a, à sa charge, la construction, l’agrandissement, l’aménagement et l’entretien des bâtiments. Elle fournit et entretient les équipements nécessaires à l’enseignement et au fonctionnement de l’école, et met des agents spécialisés (ATSEM) à disposition des écoles maternelles. Elle peut choisir d’organiser un service de restauration scolaire et/ou des activités périscolaires (qui ne constituent cependant pas une obligation réglementaire), ce qui est fait à Jonquières, elle recrute, forme et rémunère les personnels qui assurent l’entretien des locaux, le service de restauration scolaire (surveillance comprise).
Le rôle du maire est d’importance, pas uniquement sur ce que nous avons lu précédemment, puisque certaines décisions sont prises par le maire, non pas en sa qualité d’exécutif de la commune, mais en tant qu’agent de l’État. Le maire contribue au respect de l’obligation scolaire en dressant chaque année la liste des enfants soumis à l’obligation scolaire résidant dans sa commune et en recevant les déclarations annuelles d’instruction dans la famille ; il contrôle les raisons alléguées à l’appui de ces demandes et les conditions dans lesquelles cette instruction se déroule. (Articles L131-6 et L131-10 du Code de l’Éducation), ce qui signifie qu’en cas de scolarisation à domicile, il doit vérifier “la qualité“ et la véracité de l’enseignement délivré.
Les locaux scolaires sont d’abord utilisés pour les besoins de la formation initiale et continue des élèves, durant les périodes prévues pour ces activités. Ils sont alors placés sous la responsabilité du directeur de l’établissement scolaire, qui doit veiller à la sécurité et tenir le maire informé des désordres susceptibles de mettre en défaut la sécurité des personnes.
En dehors de ces heures, les locaux peuvent être utilisés à d’autres fins : activités culturelles, sportives, socio-éducatives (à condition que ces activités ne présentent pas de caractère lucratif, qu’elles respectent les principes de laïcité et de neutralité de l’école publique et qu’elles soient compatibles avec la nature des installations et l’aménagement des locaux). C’est le maire, après consultation du conseil d’école, qui prend la décision d’autoriser des locaux scolaires. [Article L212-15Code de l’Éducation]
L’intérêt d’une discussion est de s’appuyer sur des données concrètes et de soumettre à la discussion des éléments sur lesquels nous pouvons ensuite émettre éventuellement des propositions. Il est un fait établi que le coût de l’éducation en milieu rural est plus élevé́ qu’en milieu urbain. Il est évalué, en Finlande à + 14 %. Je n’ai pas trouvé d’équivalent chiffré pour la France. Indépendamment de toutes autres considérations, il est donc important de connaître les choix financiers qui sont faits et leurs arbitrages pour notre école.
Les atouts de l’école rurale existent, il est nécessaire de les mettre en avant et de les rappeler lors des inscriptions des enfants par les parents.
A titre d’exemple, plusieurs expériences montrent que, précisément, les conditions particulières de l’enseignement en milieu rural ont suscité́ des démarches innovantes transférables à l’ensemble du système éducatif : citons la pédagogie des petits groupes, l’utilisation des nouvelles technologies, l’enseignement bilingue, l’articulation à l’économie locale, mise en réseau des établissements.
A suivre ....
Alain Brousse
30 janvier 2022