Vivre la ruralité
A l’arrivée du printemps et de l’été́, les heures de l’éclairage sur le territoire de la commune ont été́ modifiées avec un horaire de coupure de 23 heures à 5 heures (soit 2 heures de plus qu’en hiver). Les raisons qui poussent à ces coupures sont essentiellement de 2 ordres : une volonté d’économie mais aussi la nécessité de respecter la biodiversité impactée par l’éclairage publique. 30 % des vertébrés et 60 % des invertébrés ont une activité́ durant la nuit.
Selon le Muséum National d’Histoire Naturelle, la mortalité́ due aux illuminations artificielles est la deuxième cause de mortalité́ due aux activités humaines chez les insectes, après l’emploi des pesticides. Il est estimé qu’en saison estivale, environ 150 insectes sont tués pour chaque lampadaire allumé toute la nuit (à raison de 9,2 millions de points lumineux allumés chaque nuit en France, on prend mieux conscience de l’ampleur du problème).
Qu’en pensent nos concitoyens ?
Aujourd’hui, 91 % de la population française estime que l’éclairage public représente un acteur majeur de la sécurité́. Selon un sondage réalisé en 2015 sur les souhaits des Français en matière d’éclairage public, les citoyens interrogés dans cette étude estiment que : l’extinction n’est pas la meilleure solution pour faire des économies d’énergie (91 %) ; Ils souhaitent être consultés avant toute décision de leur maire d’éteindre l’éclairage public de leur commune (86%) ; ils déclarent que l’éclairage public joue un rôle important pour leur sécurité́, particulièrement en soirée et la nuit (91%).
Il n’y a pourtant pas à ce jour de véritables études sur le sujet, les remontées ici et là donne à penser qu’il s’agit plus d’un sentiment d’insécurité ressenti par la population que tout autre chose.
L’éclairage public est bel et bien un outil et un enjeu de la transition énergétique. De nombreuses collectivités, Jonquières, Le Meux, se sont lancées depuis quelques années dans la rénovation énergétique en remplaçant notamment les lampes traditionnelles par des LED, mais sans pour cela s’inscrire dans des perspectives organisées et cohérentes au niveau de l’ARC.
Explications :
L’arrivée massive des LED annoncent un changement de paradigme en matière d’éclairage public, de développement durable et de la “smart city“ (La Smart City est une ville intelligente consistant globalement en l’optimisation des coûts, de l’organisation, du bien-être des habitants).
L’avènement des LED et du numérique permettent de réaliser de substantielles économies d’énergie et de pouvoir piloter à distance les installations.
L’éclairage pouvant devenir un élément clé́ des villes et des territoires connectés mais ne servant pas uniquement à illuminer les rues. Les installations d’éclairage public peuvent être utilisées pour gérer des applications urbaines telles que l’éclairage par détection de présence, la mesure de la gestion des flux de circulation des véhicules et des piétons, la gestion du stationnement, la sonorisation des espaces, la mesure des niveaux de particules fines, l’ozone, la pollution sonore et encore bien d’autres services.
C’est donc à un niveau d’échelle plus vaste, la communauté de commune et du département que des actions se doivent d’être coordonnées. On peut constater une grande disparité des actions en passant d’une commune à une autre.
Il est bien évident qu’à Jonquières les services demandés doivent s’adapter à la ruralité qui n’ont pas les mêmes spécificités que la ville.
L’éclairage public fait partie de la compétence de police du maire. C’est donc à lui d’ajuster la durée, l’intensité́ et la qualité́ de la lumière artificielle nocturne et ce, même en cas de délégation de l’éclairage à un syndicat d’énergie (article L. 2212-1 du Code général des collectivités territoriales).
Des progrès substantiels ont été faits dans la prise de conscience des pollutions en tout genre mais il reste beaucoup à faire et surtout à les faire partager.
Ce qui est fait dans ce cadre étroit de l’éclairage public est une bonne chose mais n’est qu’un pas infime dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le volet économie financière est certes important mais n’est pas le biais pédagogique pour ancrer la nécessité des coupures de l’éclairage public.
Il est ainsi important de lutter contre les idées reçues, d’expliquer, d’écouter et d’entendre.
Sites à consulter :
- http://www.jourdelanuit.fr/
- Recommandations pour un éclairage assurant, sécurité́, confort visuel, économies et protection de l’environnement » de l’ANPCEN,
- « Eclairer juste » de l’ADEME,
- Le cahier de recommandations techniques de l’ASCEN « Recommandation pour une bonne utilisation de l’éclairage public ».
Alain Brousse
Le 8 août 2021