« Je ne crois pas en Dieu, mais j'ai le sens de l'infini. Nul n'a l'esprit plus religieux que moi. Je me heurte sans cesse aux questions insolubles. Les questions que je veux bien admettre sont toutes insolubles. Les autres ne sauraient être posées que par des êtres sans imagination et ne peuvent m'intéresser. » Robert Desnos (1962), p.123 Deuil pour deuil

 

Je me lasse des critiques, celles qu’on me fait mais aussi et surtout de celles que je fais. J’entends parce que j’écoute, mais qui m’écoute et surtout m’entend ? Oui, facile à dire, je serais l’éternel victime d’une pensée ostracisée, parce que je le veux bien sans nul doute. Je n’ai pas écrit depuis quelque temps, non par vœux de silence ni encore moins par manque d’idée.

Mais alors pourquoi ce silence me demandez-vous ?

Voici une première réponse ; l'expérience du silence participe à la définition de la réalité d'un être humain et de ce qu'il conçoit du monde. Car d'un point de vue strictement sonore, le silence de l'être humain n'est jamais total. Cette prise de conscience éveille l'individu à sa propre condition d'être vivant, d'où l'importance de s'attarder à l'expérience phénoménologique du silence et non pas seulement à sa description positiviste eu égard à la communication.

Et puis parce que le silence est dépositaire de sagesse, il permet de re-découvrir le temps long, la douceur de moments qui s’éternisent trop vite, quel paradoxe !!! Le silence ressource, enrichit notre imaginaire, fait vivre des expériences oubliées.

J’ai écrit et c’est difficile parfois d’écrire, non que les sujets peuvent manquer, loin s’en faut, mais plus est d’avoir l’envie de les traiter. Etre léger ou grave, circonstancié ou amateurisme, irriter, déplaire, désirer, croire, il y a tant de sujets à évoquer, par lequel commencer ?

Et puis encore, dans le silence choisi il y a la rencontre avec soi-même, les idées qui germent mais ne poussent pas, celles qui s’agitent dans la confusion, d’autres qui restent abstraites.

Il peut s’agir d’un refus de communiquer, de s’épancher, d’aller vers l’autre me direz-vous, sans doute. Je suis convaincu que les mots ont un sens, un contenu, une portée, une valeur.

C’est la rencontre, le silence contenu et les autres, regarder le temps qui passe sans se soucier de le perdre. Je voulais explorer la disponibilité de la rencontre par l'expérience du silence qui la favorise.

Pour conclure, je n’ai pas fait vœux de silence, non j’ai juste laissé passer le temps.

Cela fait un bien fou.

Merci à toutes celles et ceux qui prennent le temps de me lire.

 

Alain Brousse

18 novembre 2023.

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