Vivre la ruralité
Les éoliennes
Critiquées par certains des candidats les éoliennes ont agité la campagne des dernières élections régionales de juin 2021. Si les critiques sont parfois factuelles, nous pouvons également dire qu’elles sont parfois outrancières et caricaturales.
Précisons que leur implantation ne relève pas de la compétence des régions et pourtant plusieurs candidats ont fait de la lutte contre les parcs éoliens un thème de campagne. C'est le cas dans les Hauts-de-France, première région éolienne du pays, avec 26,24% de la production nationale en 2019, selon EDF.
Pour citer un candidat déclaré à l’élection présidentielle, il estime, je cite : « qu’il est temps de mettre un terme à ce scandale. Cela défigure le paysage, ça pourrit la vie des riverains, ça coûte un fric fou », a-t-il déclaré sur France 3 Nord-Pas-de-Calais en janvier. Il promet aussi de financer des associations anti-éoliennes pour leur action en justice contre les projets. Il n’a aucunement justifié ses prises de positions aussi tranchées, ni argumenté en faveur d’un mode d’énergie alternative. Un célèbre animateur a même été jusqu’à dénoncer "un écocide".
Pourtant jamais il n’est fait allusion aux grandes surfaces commerciales à l’entrée des grandes villes, qui elles, défigurent largement le paysage. Ne parlons pas non plus de grands sites industrielles qui s’intègrent parfaitement dans leur environnement, sans doute. On oublie vite ou alors on critique dans le sens de son électorat potentiel peut-être ?
Faisons le point.
Chaque énergie a ses avantages et ses inconvénients, se déclarer contre l’une sans rien dire des autres n’est pas à mon humble avis politiquement responsable.
L’éolienne a une durée de vie de vingt à trente ans : une fois obsolète, elle est donc démantelée et le problème se pose de la recycler, c’est un fait.
Aujourd’hui aucun mode de production d’énergie n’est totalement écologique ; charbon, pétrole, nucléaire, hydraulique, géothermie, biomasse, solaire et éolien,…, à des degrés divers bien évidemment. Pourtant le besoin énergétique croit de manière exponentiel et il faut trouver des solutions pour répondre à cette demande. Des lobbys existent et influencent les politiques publics, les cinq plus grandes sociétés pétrolières et gazières dépensent près de 200 millions de dollars par an dans le but de faire pression pour retarder, contrôler ou bloquer les politiques qui luttent contre le dérèglement climatique.
Dans son dernier rapport sur le coût de production de l'électricité, l'Agence internationale pour l'énergie (AIE) classe, pour la France, l'éolien terrestre en quatrième position (45 euros par MWh). Il arrive derrière les centrales nucléaires, qui bénéficient d'un coût de construction déjà en partie amorti (25 ou 29 euros par MWh suivant l'extension de leur durée de vie à 10 ou 20 ans) et les centrales photovoltaïques au sol (28 euros par MWh). Mais devant le nucléaire de troisième génération que représente l'EPR (58 euros par MWh), dont le coût final reste incertain.
Les éoliennes ont besoin du vent pour fonctionner. Le vent est une forme dérivée de l’énergie solaire. Selon les zones, le soleil chauffe plus ou moins fort et l’air absorbe cette chaleur. Quand l’air est chaud, il monte, car il est plus léger que l’air froid. L’air froid descend, se réchauffe à son tour, et ainsi de suite. Le vent est le résultat du mouvement de ces masses d’air, causé par les différences de température et de pression. Le vent existe et il est gratuit.
Selon Green Peace « À grands coups d'arguments biaisés sur l’impact environnemental des énergies renouvelables, les opposants à l'éolien font circuler des idées fausses ». La mise en œuvre des parcs d‘éoliennes est rigoureusement réglementée, ainsi pour les projets susceptibles d’impacter de façon significative les objectifs de conservation d’un site Natura 2000, individuellement ou en raison de leurs impacts cumulés, une évaluation de leurs incidences au titre de l’article L.414-4 du Code de l’Environnement doit être produite. Lors de son évaluation en 2004 précisons que ce candidat (cité plus haut) d’aujourd’hui était membre du gouvernement de l’époque !!!
La ligue pour les oiseaux, LPO, précise que les impacts des éoliennes sur les chauves-souris et les oiseaux peuvent être fortement limités par un choix judicieux du lieu d’implantation et par la mise en œuvre de « plans de bridage» (par exemple en programmant un ralentissement ou un arrêt des pales d'une éolienne aux « heures de pointe » de passage des oiseaux ou chauves-souris, ou en période migratoire…). Sur le bruit, avec l’obligation d’une distance minimum de 500 mètres entre les éoliennes et les habitations, il est inférieur à 35 décibels, ce qui représente une conversation à voix basse.
Les arguments contre l’éoliens tombent sous les sens ; l’emprise au sol gigantesque pour une hauteur dépassant les 100 mètres, la durée de vie de 30 ans donc le recyclage, le transport, …
En conclusion on peut dire qu’aujourd’hui aucun mode de production d’énergie n’est écologiquement entièrement satisfaisant à des degrés divers bien évidemment.
Pourtant le besoin énergétique croit de manière exponentiel et il faut trouver des solutions pour répondre à cette demande. Le changement climatique n’est plus contestable, il faut se tourner vers des énergies moins carbonées, c’est une exigence absolue.
Il faut choisir et sans doute faire un mix des différentes énergies, adaptées à chaque territoire, et surtout continuer et mettre des moyens considérables dans la recherche de nouvelles énergies et le recyclage des actuelles.
Quoi qu’on en dise les éoliennes sont indispensables dans ce mix, c’est désormais un fait établi.
Etre contre est plus une question de posture
Alain Brousse
22 juillet 2021