A propos des parrainages pour la Présidentielle,

Chacun a entendu parler de cette “course“, pour certains candidats, au parrainage pour pouvoir être officiellement candidat aux prochaines élections présidentielles. Comme le souligne le site “vie publique“, officiellement, on ne devrait pas parler pas de parrainage mais de "présentation", les élus présentant un candidat à titre individuel et de façon autonome sans qu’il soit nécessaire que la personne présentée ait d’abord manifesté son intention de se porter candidate. Ce qui veut dire en clair, qu’il n’y a pas nécessité d’être candidat pour recueillir la signature d’un élu. 

En son temps le général de Gaulle exprimait que « ce qui est à craindre, ce n’est pas le vide mais le trop-plein ». Dès lors, c’est toujours posé la modalité de pré-sélection des candidats potentiels et de donner ainsi la solennité nécessaire à l’élection du chef de l’Etat. La méfiance du général de Gaulle envers les partis politiques a déterminé les modalités toujours en vigueur encore en 2022. Ce sont environ 42.000 élus qui peuvent apporter leur paraphe. Chaque élu ne pouvant parrainer qu’un seul candidat et son choix est irrévocable, même si le candidat renonce à se présenter ou n’a pas les parrainages suffisants. En 2017, 34% des élus habilités (soit 14.280) ont donné leur signature. 

Près des 2/3 des élus ne délivrent pas de signature, aucune étude sérieuse sur ce non choix n‘est vraiment disponible. Interrogés individuellement, les raisons invoquées par des élus sont multiples et variées, ce qui en soit n’est pas surprenant mais compréhensible. Ce système a été mis en place pour éviter la multiplicité des candidatures.

Pour être valide, les parrainages doivent venir d’au moins 30 départements différents, sans dépasser 10% du total, soit 50 pour un même département. Autrement dit, si l’on est candidat, c’est de l’ensemble du territoire de la République, ce qui permet d’éviter des candidatures régionalistes.

Dans l’imaginaire collectif, les candidats vont chercher les signatures de maires. En réalité, si les maires (ainsi que les maires d’arrondissement) sont habilités à parrainer, on compte aussi dans la liste des élus les députés, sénateurs et députés européens, les président de métropoles et communauté de commune, les conseillers de Paris et de la métropole de Lyon, les conseillers départementaux et régionaux ainsi que les conseillers territoriaux de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et-Miquelon ou les membres des assemblées de Corse, de Guyane, de Martinique, de la Polynésie française. En mars 2021, se sont ajoutés à la liste, grâce à la loi de toilettage juridique sur l’élection présidentielle, et à l’initiative du Sénat, les présidents des conseils consulaires des Français de l’étranger et des conseils exécutifs de Corse et de Martinique.

Avant chaque élection présidentielle resurgit cette question, les candidats en difficulté de collecte de parrainages étant les plus virulents à dénoncer ce mode de sélection. Il n’existe sans doute pas un mode parfait tant que l’élection du Président se fait au scrutin majoritaire, c’est une évidence. 

L’emploi même du terme « parrainage » en lieu et place de « présentation » montre le dévoiement de la conception même de cette procédure, dont il conviendrait d’expliquer, ou à tout le moins de rappeler le but aux « présentateurs ». Le parrainage devient par extension l’acte par lequel on donne son appui, mais aussi sa caution morale ce qui en soit n’est plus un acte perçu comme totalement désintéressé.

Certains préconisent la possibilité pour chaque élu de pouvoir parrainer 2 voir 3 candidats en élevant le nombre de parrainages nécessaires pour chaque candidat potentiel passant ainsi de 1000 voir 2000.

Il n’existe sans doute pas de système parfait et permettant de satisfaire tout à chacun, notre démocratie fonctionne grâce aussi à ses imperfections.

Alain Brousse

21 février 2022

Sources : “Le parrainage“ par Béatrice Barrau, “vie publique.fr“, Public sénat.