Et si nous faisions erreur ?

Il y a quelques mois j’assistais aux Meux à une réunion sur le PLUi, qui insistait sur la nécessité d’urbaniser. Différents arguments parfaitement recevables furent avancés devant un parterre d’élus de l’ARC dont pas un seul n’a émis la moindre objection ni la moindre inquiétude, alors que pourtant l'étalement urbain accentue la pression sur les terres en gommant une batterie de services écosystémiques indispensables aux équilibres planétaires. Le PPRI est même combattu avec la grande plus vigueur alors que chacun a pu récemment constater les dégâts provoqués par des pluies intenses, bien sûr, ce n’est pas encore chez nous.

Il ne s’agit pas d’être contre tout projet, mais de susciter la réflexion et de permettre à chacun de mesurer les conséquences de ce que nous faisons aujourd’hui. Comme je l’ai déjà exprimé, l’urgence écologique est plus qu’une réalité, c’est un besoin immédiat de répondre à des conséquences déjà irréversibles.

Essayons de comprendre.

L’artificialisation des sols est une notion récente, correspondant initialement à une préoccupation de quantifier les pertes de surfaces disponibles pour l’usage agricole par changements d’occupation des sols. Elle désigne aujourd’hui la diminution globale de la part des sols affectés aux activités agricoles et forestières ou aux espaces naturels, suggérant des dimensions autres qu’agricoles à prendre en compte. De ce fait, l’artificialisation des sols et les sols dits « artificialisés » sont devenus, notamment en France, un enjeu majeur de débat public et de préoccupations politiques. L’artificialisation du territoire, qui engendre une perte de ressources en sol pour l’usage agricole et pour les espaces naturels est ainsi considérée comme un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité́.

Nul ne peut ignorer voir se développer des zones commerciales (gigantesque comme celle de Saint Maximin) en sortie de ville, voire même désormais de villages, routes, infrastructures publiques, parkings, pavillonnaires, aéroports... Nombreux sont les exemples dans notre département. On nous en montre les bienfaits mais jamais les impacts négatifs, curieux non ?

Avec l'étalement urbain, les sols se couvrent partout d'un épiderme étanche qui inquiète de plus en plus les chercheurs. Dans une étude scientifique récente pour aider le gouvernement à élaborer une stratégie de lutte contre l'artificialisation des sols, l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) et l'Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux) s'alarment des dommages que fait peser le bétonnage sur l'environnement de l'homme : fragmentation des paysages, perturbation des écoulements hydrologiques, pollution des milieux, grignotage de la biodiversité, hausse des températures, augmentation des nuisances acoustiques, disparition des terres agricoles... « Ce mécanisme est devenu la principale menace pour la santé des terres fertiles », résument les deux instituts. Selon leur constat, un peu plus de 51.600 kilomètres carrés, soit 9,4 % du territoire français, sont déjà perdus et, à cause de l'emprise grandissante des villes, le phénomène s'accélère : au rythme de 236 hectares chaque jour, près de 6.000 kilomètres carrés ont été dérobés aux espaces naturels depuis 2006, l'équivalent de la superficie du département du Gard.

L’artificialisation des sols permet de satisfaire les multiples besoins en logement, en immobilier tertiaire, en zones économiques et en infrastructures de transport. Ces activités humaines qui ce sont concentrer dans les villes, ont désormais tendance à s’étaler de plus en plus soit en déplaçant plus loin la frontière de la ville, soit en mitant et péri urbanisant les espaces ruraux périphériques des villes, chacun peut le constater sur Compiègne.

 Quels leviers d’action ?

Si chacun sait qu’il est aisé d’émettre de grandes théories critiques, il est parfois plus ardu de proposer des solutions. Nous revenons à notre préambule quand j’évoque le PLUI qui est en train de se mettre en place dans notre commune et sur notre territoire de l’ARC.  L’outil majeur est la planification urbaine et l’aménagement du territoire, bien, mais on a l’impression de tourner en rond, puisque ce furent l’objet des réunions du PLU. Mais qui est en capacité de discuter avec nos décideurs locaux ? Le débat contradictoire n’existe pas ou très peu, parce que peu nombreux sont les personnes qualifiées sur ce sujet. Que connaissons-nous de notre territoire ? L’urbanisation touche tous les territoires pour des raisons diverses et variées. Prenons un seul exemple ; notre village ; avec cette volonté farouche de préserver l’école, la seule réponse apportée est d’attirer de nouveaux occupants. On peut le constater dans nombre de villages des alentours qui ont vu « fleurir » des zones pavillonnaires pas toujours très heureuses. La densification des villes pourrait être un levier pour limiter la périurbanisation résultant d’un étalement urbain diffus et discontinu qui est une forte source d’artificialisation des sols. La réhabilitation des espaces vacants, des friches industrielles au sein des espaces déjà urbanisés serait un levier efficace de réponse à la demande de logements ou d’espaces productifs et, porteur de services pour les quartiers alentour.

Une certitude, la discussion et l'information, j'ajouterai même la formation sont nécessaires. Nous ne devons plus nous laisser faire mais être les co-décideurs, non pas simplement de notre avenir, mais de l'instant présent et refuser dans l'immédiat ce qui engage notre avenir sans en mesurer l'impact écologique.