Réunions avec des élus

Ce mardi 18 janvier 2022, nous avons été conviés à une réunion à la mairie, 5 jonquièrois face à 3 de nos élus comme il avait été convenu lors de la dernière rencontre avec le Maire en novembre 2021. Après une brève présentation des uns et des autres, il a été proposé d’échanger librement sur les sujets de nos choix. Notre adjointe, Mme Chantal Vandenhode, a choisi de lancer le sujet sur le devenir de l’école, rappelant son attachement affectif à ce lieu. Pour l’année scolaire 2021-2022, 41 enfants y sont scolarisés dont 11 d’entre-eux ne résident pas sur notre commune.

« Il faut agir avant qu'il ne soit trop tard » est le message récurant prononcé par nos élus et par des habitants de Jonquières à propos de la survie de l’école. La diminution du nombre d'enfants est régulière et menace à terme et un peu plus le devenir de l’école. Nous avons alors assisté à un débat surréaliste tournant autour de l’impossibilité, supposée, de se loger à un coût attractif à Jonquières. Je passe les détails car ils ne méritent pas d’être évoqués. Regrets réitérés pour certains de ne pouvoir voire réaliser de nouvelles constructions, c’est ainsi que des propositions abracadabrantesques furent émises. « On aimerait que les jeunes restent sur le territoire, et que d'autres viennent s'y installer, explique le Maire (ou ses adjoints), mais pour qu'ils viennent y vivre, il faut absolument qu'ils puissent scolariser facilement, et dans de bonnes conditions, leurs enfants. », oui, c’est une évidence, mais entre l’évidence et la réalité, un fossé se creuse. C’est l’art d’énoncer des principes creux, parce qu’il appartient à ceux qui détiennent les clés d’ouvrir les portes !! 

Certains élus font leur 3 ième mandat, demandons-nous tout de même, qu’ont-ils faits au cours de ces différents mandats ? Pour le formuler simplement disons qu’à chaque occasion un message d'alerte est envoyé, la nécessité de sensibiliser les acteurs et les habitants est patente, mais quels sont les moyens réellement mis en œuvre ?

C’est ainsi que je suggère de poser la question différemment, au risque de fâcher certains ; une école à Jonquières est-elle une nécessité absolue ? Qu’elles sont les actions développées depuis des décennies, à part le fait se “lamenter“ devant un constat inéluctable. Jusqu’à 70 élèves et désormais une quarantaine.

Oui, des aménagements ont été entrepris, il faut les rappeler : développement du périscolaire, cantine, prise-en charge des enfants avec des plages étendues, attractivité des locaux, équipements, cadre scolaire attrayant, accord de scolarisation avec Varanval, etc...

Le problème, d’après notre élu, serait uniquement le manque de logements sur notre village, de prendre exemple sur Armancourt qui lui propose de nouveaux lotissements. On peut en douter, il faudrait poser la question aux parents des 11 enfants extérieurs à Jonquières. Tout autant qu’il serait intéressant de connaître les motivations de résider à Jonquières des parents des 30 autres enfants scolarisés dans l’école du village. 

Mais quid tout de même d’une seule explication donnée sur les 70 élèves scolarisés il y a quelques décennies. Sauf à répéter que la population de Jonquières vieillie, la seule proposition brandie comme solution ; construisons, construisons, de préférence des “petits logements“ avec des petits terrains, sans doute pour des y loger des petites personnes !!! Je passe sur les arguments égrenés qui ne valent même pas la peine d’être cités (voir plus haut). 

 Il existe pourtant des instruments que tout à chacun peut consulter, en priorité il me semble, par les élus, l’Insee, Institut national de la statistique et des études économiques qui collecte, produit, analyse et diffuse des informations sur l'économie et la société. Jonquières y est recensé. A titre d'exemple nous prendrons 2 tableaux, l'un sur l'évolution par tranches d'âge de la population et l'autre sur le nombre d'occupants par logement.Il faudrat actualiser sur une même période 2018-2023, mais nous pouvons déjà tirer quelques enseignements.

Qu’apprends-t-on ?

La population à Jonquières a augmenté entre 2013 et 2018 d'environ 2,5 %, sachant qu'en France pour la même période la population croît de 0,4 % par an. Ce qui apparaît dans le tableau est un accroissement de la tranche d'âge des 60-74 ans; le vieillissement de la population, le non renouvellement et remplacement par une génération plus jeune est donc mis en exergue; ci-dessous le tableau de l’évolution de la population de Jonquières. 

2008

%

2013

%

2018

%


Ensemble

590

100,0

602

100,0

605

100,0

0 à 14 ans

103

17,5

97

16,0

90

14,9

15 à 29 ans

67

11,3

82

13,6

69

11,5

30 à 44 ans

118

20,1

99

16,4

98

16,3

45 à 59 ans

163

27,7

153

25,3

159

26,2

60 à 74 ans

105

17,8

132

22,0

143

23,6

75 ans ou plus

33

5,6

40

6,7

45

7,5

 Évolution de la taille des ménages en historique depuis 1968

Années

1968

1975

1982

1990

1999

2008

2013

2018

Nombre moyen d’occupants par résidence principale

3,08

2,77

2,87

2,86

2,52

2,52

2,44

2,32

Ces 2 tableaux nous permettent d’effectuer une première analyse :

1 - une diminution de 13 % de la population des 0-14 ans, une augmentation de 39 % des 60 - 74 ans entre 2013 et 2018

2 - En un demi siècle une baisse significative du nombre d’occupants par logement.

Ainsi sur la période 2013-2018 il y a une augmentation de la population supérieure à la moyenne nationale avec en parallèle une augmentation nette d'une tranche d'âge n'ayant pas d'enfant scolarisé à l'école de Jonquières. Ces 2 chiffres à eux seuls nous montrent que de parler de l’école n’est que voir et soulever le problème par le petit bout de la lorgnette. Pourquoi ? Parce qu’il est évident qu’aucune réponse ne peut être apportée par le seul biais du mot “école“, il s’agit sans nul doute plus de l'attractivité d’un territoire au sens large. Que font nos jeunes en recherche d’un lieu de résidence ? Ils consultent le site internet du village, lisent les appréciations, consultent les statistiques, apprécient le prix du foncier et entre autre  étudient le parcours scolaire potentiel de leurs enfants actuels et/ou en devenir, mais pas que. L’attractivité d’un territoire ne se résume pas à la seule présence ou non d’une école primaire qui n'est qu'un temps dans un parcours de vie. Rappelons que la scolarité est un temps long, qu'après le primaire il y a le collège, le lycée et pour certains les études post bac. Les enfants pratiquent des activités extra scolaires qui n'existent pas sur Jonquières, qu'il faut se déplacer pour aller faire ses courses, se divertir et autres. Que des enfants vivant en ruralité se doivent d'être différemment pris en charge, que souvent leur scolarité est plus difficile du fait simplement parfois des temps de transport très allongés. Les modes de vie changent, évoluent, certains recherchent avant tout nature et calme alors que d'autres l'envisagent selon d'autres priorités. Pour beaucoup d'entre-nous vivre à Jonquières est encore un choix mais dans d'autres villes et villages c'est parfois pas tout à fait le cas. Il est évident que vivre à Jonquières s'avère moins contraignant sans enfant, le dire n'est rien culpabilisant pour ceux qui font un autre choix. Prenons garde à ne pas dire n'importe quoi et surtout à ne pas faire n'importe quoi au prétexe que l'école serait la priorité absolue. Sachons garder raison, l'amélioration, la préservation de la qualité de vie pour ceux qui résident actuellement dans notre petit village sont et doivent rester les premières priorités, parce qu'un village où il y fait bon vivre, est et restera toujours attractif.

Une suite sera donnée à l’explication et au déroulé de cette première réunion.

Alain Brousse

Le 20 janvier 2022