Notre maire et son équipe projettent une réunion d’information à propos des travaux de voiries réalisés sur le territoire de notre commune.
Pourquoi pas, il est toujours bien de se réunir, d’échanger, de s’informer.
Mais avant toute chose, réfléchissons un instant et posons-nous quelques questions dont nous finissons par oublier totalement leurs existences mêmes.
L’espace rural, il y a seulement quelques années ne posait guère de question ontologique tellement il s’imposait dans la réalité, en opposition classique avec celui de la ville. Mais les temps ont très rapidement changé, et la conception de l’espace, aussi, à l’évidence. On n’écrit plus jamais ou presque jamais « espace », mais « territoire » ou mieux « territoires ». En outre, le « rural » se cherche plus qu’il ne se trouve, dans la mobilité généralisée des hommes et des femmes, la poussée de l’urbanisation, de la périurbanisation et de la rurbanisation, la réduction des agriculteurs à quelques % de la population totale, l’économie résidentielle et « présentielle », le sentiment indéfini de la nature...
Il nous faudrait partir à la recherche d’un rural perdu, d’ailleurs pourquoi et pour qui la ruralité a existé et existe encore ? C’est pourtant une question essentielle, je vous laisse donner votre propre réponse.
Comment désormais penser les territoires ruraux aujourd’hui ?
Qui d’ailleurs se pose la question en terme de conception et de construction intellectuelle ?
Quel avenir, quel devenir, quelle vision pour un territoire rural ? Il y a peu, le rural se définissait fort bien par rapport à l’urbain, et réciproquement, c’était la campagne face à la ville.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui, chacun ayant désormais une conception par rapport à son mode de vie, ses intérêts particuliers mêmes.
N’avons-nous pas entendu ici et là certains de nos concitoyens se plaindre des bruits abusifs des coqs, poules, ânes et autres animaux, des routes salies par les engins agricoles, j’en passe et des meilleurs !!!
Peu à peu, les ânes, pardon les dos d’âne abondent sur les chaussées, on peinturlure la voirie de pointillés divers et variés, ce n’est plus des arbres qui sont plantés mais des panneaux de signalisation. Nous sommes des assistés du déplacement ....
Écologie, environnement, biodiversité, durabilité… nouvelles expressions, nouveaux concepts que le rural doit aussi prendre en compte entre science et imaginaire, entre réalité reconnue, tel le réchauffement climatique, et représentations, idéologies, utopies, comment s’y retrouver tant la confusion s’installe et transforme nos villages en mini-villes.
Certains vous diront, parce qu’ils y croient, persuadés que le territoire rural est devenu impensable tellement il est riche de tous ces apports d’une modernité estimée dite indispensable.
Ce sont les voies douces, les morceaux de pistes cyclables qui vont de nul part vers nul part...
Pouvons-nous dire que les nouvelles ruralités sont construites comme les villes hier, dans un certain désordre et une incohérence certaine. Que démolirons nous demain dans le rural que nous avons déjà démoli aujourd’hui dans l’urbain ?
Mais n’ayez crainte, on vous assure, on vous rassure, que le rural présent et à venir est un territoire qui se construit après avoir achevé de se défaire.
Heureusement, la vitesse est limitée à 30 km, mais malheureusement le manque d’idée, n’est lui, pas encore limité.
Alain Brousse
18 novembre 2023